– par Vincent M.T.
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Dans ce court-métrage d’animation, intitulé It’s Payback Time* (« L’heure de la vengeance a sonné »), on assiste à l’extinction d’une race entière suite à une épidémie implacable. Alors qu’une foule de personnages s’affairent à leur quotidien dans une grande ville, bondée et assez polluée, des météorites bleues luminescentes tombent du ciel et contaminent la population d’un mal mystérieux et mortel, éradiquant tout le monde. Étrangement, le sous-titre affiche :
Vous allez adorer les voir mourir.
Certes, les citadins aux allures de patates ont une manière de trépasser assez burlesque (ils explosent comme des poches de peinture). Pourtant, le léger effet comique que cela produit ne compense pas un certain malaise à voir une population entière réduite à néant malgré tous ses efforts pour se protéger : on attend la parade salvatrice, ou en tous cas l’échappée belle de quelques chanceux… mais non. Ils meurent jusqu’au dernier.
Puis vient la grande révélation : zoom arrière, on réalise que ces personnages étranges étaient en fait des cellules cancéreuses, décimées par le remède mis au point par la recherche. Soulagement : le mal était un bien, les cellules nocives méritaient de disparaître.
Détournement de situation
Ce renversement illustre la logique souvent présente, mais discrète, dans les films de zombie, apocalyptiques pour la plupart : le presque anéantissement de l’humanité et de ses structures sociétales n’est pas vraiment vu comme une tragédie. Après tout, les humains sont « le cancer de la Terre » – une formule devenue célèbre, que l’on doit à Emil Michel Cioran (De l’inconvénient d’être né, 1973) : au vu de l’impasse écologique, sociale et démographique vers laquelle notre espèce se dirige, on espère un bouleversement radical, malgré la souffrance qu’il impliquera.
Un changement de perspective similaire est nécessaire pour percevoir la justification biblique d’un Jugement Dernier ou des événements qui l’annoncent et le préfigurent (Déluge, plaies d’Egypte, conquête de Canaan, chute de Jérusalem, etc.). Comment un Dieu d’amour peut condamner l’humanité à une telle souffrance ? En fait, dès qu’on accepte la révélation que d’un point de vue objectif, c’est nous le problème, on doit bien reconnaître que c’est la seule solution.
Enfin, idéalement, il faudrait un remède qui n’extermine pas les cellules cancéreuses que nous sommes, mais qui :
1. Guérisse celles qui l’acceptent,
2. Mette hors d’état de nuire celles qui refusent (par exemple en les isolant).
Mais bon, ce n’est pas comme si Jésus était venu entamer la première partie il y a plus de 2000 ans et qu’il reviendra un jour pour l’achever et passer à la seconde partie.
A moins que… ?
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* vidéo parue le 5 sept. 2014, dans le cadre de la campagne Stand Up To Cancer.
Cet article a été publié à l’origine sur le site Repensez-vous.fr, suspendu depuis, et dont les archives sont disponibles sur notre site.