Il y a vingt ans, en pleine chasse aux prêtres pédophiles, le single « Dieu m’a donné la foi » d’Ophélie Winter a figuré en tête des ventes pendant une semaine, et est devenu disque d’or. Comme quoi, ce n’est pas l’aspect explicite des paroles « chrétiennes » qui rebutent le public. Ni même la médiocrité, manifestement… cependant, comme les chrétiens professent une vision du monde fondamentalement contraire à celle de la plupart des auditeurs, ils partent avec un désavantage, et on les excuse d’autant moins d’être moyens.
Josh Garrels est le genre d’artiste dont la foi transparaît clairement, mais dont les chansons parlent aussi bien à des chrétiens qu’à des gens qui ne le sont pas, simplement parce qu’il emploie son talent à bon escient. Auteur-compositeur-interprète, il s’est notamment fait connaître par sa chanson Farther along (2011), inspirée du cantique éponyme (attribué à W.B. Stevens), où il évoquait le mystère du mal et l’amour du Christ :
« Tempted and tried, I wondered why « Tenté et éprouvé, je me suis demandé pourquoi
The good man died, the bad man thrives, Le juste est mort, et le méchant prospère,
And Jesus cries because he loves them both. »Jésus pleure parce qu’il les aime tous les deux. »
Dans son album Home (2015), Josh Garrels réitère avec notamment Born Again. C’est une référence à la « renaissance » que Jésus ordonne au vieux prêtre Nicodème dans la Bible, et à laquelle nous sommes tous appelés. La chanson est essentiellement une confession de péché, et de misère :
« Used my voice to howl « J’ai hurlé
with the ghouls of night avec les monstres de la nuit
in the dying light (…) au crépuscule (…)
Empty instincts are guiding me Guidé par des instincts bestiaux,
like a beast to some blood attiré par l’odeur du sang,
and I can’t get enough. il m’en faut toujours plus.
I’m losing control, Je perds le contrôle,
my body my soul mon corps et mon âme
are slowly fading away… » s’évanouissent peu à peu… »
Ce discours souligne la maladie criminelle et déshumanisante qui ronge le cœur de l’homme. Si nous regardons honnêtement en nous-mêmes, nous devons bien reconnaître la noirceur de certains de nos désirs et la faiblesse de notre caractère, qui côtoie pourtant la beauté de certaines de nos aspirations, et la bonté de notre coeur.
« Je suis l’enfant de ma mère, le fils de mon père« , chante Garrels, « mais je suis prêt à changer« . A travers nos parents, c’est d’Adam et Ève que nous sommes les descendants, les héritiers, et c’est un problème car cette origine s’est séparée de la source de toute vie et de tout bien.
On peut avoir du mal avec cette notion de péché hérité, et pourtant, comme l’artiste Clarika l’a bien chanté, nous sommes tous nés avec des privilèges que nous n’avons pas mérité, et dont nous héritons néanmoins. Et nous ne pouvons pas ignorer que quand on hérite, on ne peut pas prendre juste les richesses, on doit aussi prendre les dettes, ou bien ne rien prendre du tout. C’est normal, c’est juste, c’est logique. On ne choisit pas où on naît, la langue qu’on va parler, où le degré de liberté dans lequel on va vivre, ce sont nos parents, ou leurs parents, qui ont fait ce choix, dont on hérite, et dont on doit bien vivre les conséquences pour le meilleur ou pour le pire.
Or quand on arrive à un âge où on est capable de choisir, refuser l’héritage de nos parents nécessiterait de rendre tout ce dont nous avons profité jusqu’ici. Et c’est impossible. Nous nous sommes appropriés tant de choses de cet héritage qu’il fait partie de nous.
Il en va de même pour le péché. Le bien et le mal dont nos parents sont responsables nous échoit, et nous ne pouvons le refuser en bloc, mais l’accepter en bloc nous pose un problème. C’est à ce problème que Josh Garrels fait face dans sa chanson « Renaître« , et il nous montre un chemin. Notre seul espoir est de crier, de désespoir, à celui qui seul peut nous rattacher de nouveau à la source de vie – pour revivre, pour renaître.
1 comment